les fulguré·e·s
2020 – en cours
Une personne est dite fulgurée lorsqu’elle est frappée par la foudre, sans en mourir. À l’inverse, le terme ‘foudroiement’ implique la mort, généralement sur le coup.
Le 2 septembre 2017, un groupe d’une quinzaine de personnes fut frappé par la foudre lors d’un festival à Azerailles en Meurthe-et-Moselle.
Elles furent toutes fulgurées et firent face à des séquelles très diverses, allant de paralysies temporaires ou pertes de mémoire à des troubles du sommeil ou même la capacité surprenante à exécuter des calculs mathématiques complexes en un temps très rapide.
Nous avons rencontré ces personnes, en leur proposant de réaliser un portrait, puis de photographier un détail de l’endroit où la foudre a frappé leur corps et enfin un objet important en relation à cet événement.
Notre travail s’inspire de la photographie documentaire et s’attache à raconter une histoire selon un angle particulier, en y ajoutant une démarche expérimentale qui appuie notre propos. L’idée ici était alors de parvenir à représenter ce phénomène complexe qu’est la fulguration, à suggérer un niveau de lecture différent de celui basé uniquement sur les faits et du traitement sensationnaliste déjà effectué par différents médias. Scientifiquement, il est encore difficile pour les médecins d’expliquer clairement ce qui se passe chez une personne frappée par la foudre ; il était donc nécéssaire pour nous de développer une autre forme de récit pour investiguer cette représentation. Dans notre démarche, il s’agit davantage de suggérer que de montrer et les différentes expérimentations que nous développons nous aident à complexifier notre propos. Ainsi, travailler avec des films périmés, les développer nous-même ou encore utiliser du papier négatif couleur directement dans l’appareil, nous rend vulnérables à certaines altérations voire erreurs photographiques qui viennent dialoguer avec les différents troubles neuronaux que certain·e·s fulguré·e·s ont pu subir.
Nous photographions avec une chambre photographique, ce qui nous permet de poser notre regard et de construire chaque image à deux, délaissant ainsi la notion d’auteur à titre individuel.